Le cinéma de divertissement français se porte globalement assez mal sur un plan qualitatif, malgré quelques surprenants succès. Inutile de revenir sur certains refrains qui nous ont littéralement "cassé" les oreilles pour nous pencher sur l'entreprise qui nous intéresse aujourd'hui, et dont on peut directement annoncer qu'elle redore sans problème le blason du genre. Depuis le vraiment tordant Mais qui a tué Pamela Rose on attendait la suite des aventures de Kad et Olivier au cinéma de pied ferme, tant leur univers farfelu apportait un vrai coup de peps dans les comédies mollassonnes franchouillardes. Mais attention, Un ticket pour l'espace n'a rien d'un Pamela Rose dans les étoiles et lorgnerait plus - pour notre plus grand bonheur - vers On a marché sur la Lune de Hergé. Les deux humoristes changeant ici sensiblement de registre avec succès, encore.
UN TICKET POUR L'ESPACE
De : Eric Lartigau
Avec : Kad et Olivier, Marina Foïs, Guillaume Canet, André Dussolier, Thierry Frémont, Pierre-François Martin Laval, Frédérique Bel, Enrico Macias
Durée : 1h30
Sortie le 18 Janvier 2006
Pour justifier la hausse des impôts nécessaire à son budget, le centre spatial français décide d'envoyer deux civils dans l'espace sélectionnés par tirage au sort. Ceux qui trouveront les trois navettes sur leur ticket auront leurs places à bord. Un play boy ambitieux charmant l'équipage et un comédien au rabais agaçant tout le monde. Un coup marketing pour le gouvernement qui se serait bien déroulé si l'un des deux passagers ne prenait pas le contrôle de leur station orbitale en menaçant de la faire s'écraser quelque part en France si le président ne répond pas à ses exigences.
Aguichants, le pitch et toute la structure narrative d'Un ticket pour l'espace le sont assurément pour la simple et bonne raison qu'à l'instar de Pamela Rose, le film bénéficie d'un vrai scénario, de vrais personnages et d'un vrai méchant. Humoristes avant tout, Kad et Olivier accompagnés de Julien Rappeneau se sont néanmoins attelés à l'écriture d'une histoire cohérente, très premier degré, surpassant en thème d'inventivité n'importe quel Armageddon. Pour seulement ensuite jouer avec les contextes et les rendre plus ou moins drôles. La meilleure approche du genre, puisque au lieu de faire une parodie multi référentielle du film de science fiction, ils en ont fait un vrai. On évite ainsi la relecture du déjà très moyen La folle aventure de l'espace qu'on aurait pu redouter.
Fini, le sketch très long, et place au cinéma, au vrai. Plus classique forcément, et les habitués des fictions de péripéties et d'action n'y verront qu'un produit auquel ils sont nourris depuis leur enfance. Mais c'est justement sur cette base que s'installe le film d’Eric Lartigau. Une vraie comédie d'aventures familiale durant laquelle même les plus petits s'y retrouveront. Les adieux au fiston sont sincères, dénués du cynisme pourtant savoureux du premier film, mais l'on reste constamment dans une ambiance déjantée mêlant genre pur et humour. Une atmosphère comme seuls les américains nous en proposaient encore il y a une quinzaine ou une vingtaine d'années, avec des comédies relevées comme SOS Fantômes ou Retour vers le futur. Même si bien entendu, on n'atteint pas encore le degré d'excellence de ces derniers.
Néanmoins, les fans des loufoqueries et autres incongruités du duo ne seront pas floués puisque les compères n'oublient pas de distiller ici et là des éléments résolument funs, comme des lapins surgissant d'un chapeau. On retiendra, et pas forcément parmi les meilleurs passages, une Marina Fois qui ouvre un hublot pour appeler à l'aide, un mouton pilote d'hélicoptère dévoilant les verts pâturages de son enfance à ses passagers, une étymologie particulière de l'échangeur de Rosny, Miss France campée par Frédérique Bel (La minute blonde) et déniaisée dans un coin par André Dussolier entre deux situations de crise, Enrico Macias en guise d'ordinateur de bord et autres moult péripéties aussi tordues les unes que les autres que l'on rage de ne pouvoir évoquer ici, sous peine de révéler trop de surprises. Fin du fin, et comme dans tout film du genre, Un ticket pour l'espace propose également un gros monstre semant la panique à bord. Nous nous tairons sur sa nature, mais la bestiole mérite le déplacement – et que les fans de Sylvie Vartan restent pendant le générique.
Alors bien sûr certains gags tombent parfois à plat et on perd en hilarité quasi perpétuelle ce que l'on gagne en rythme narratif. Mais une fois passée cette petite déconvenue, nous plongeant dans un univers radicalement différent des KDO que nous connaissions à la télévision, la spectaculaire aventure de ces zinzins de l’espace se laisse regarder sans déplaisir et parvient sans mal à nous arracher quelques rires généreux. Un divertissement vraiment chouette, inspiré, toujours passionné, et qui ne prend pas son spectateur pour un débile. Autant dire qu’on nous décroche la lune
Source : dvdramaVIVEMENT MERCREDI !!!